
Chère élève d’une certaine classe,
J’avais bien senti, en ce jour de reprise, que la journée allait être spéciale mais je n’imaginais pas encore à quel point. J’étais arrivée de bonne humeur, agréablement surprise que toutes mes photocopies aient été faites et qu’il n’y ait pas beaucoup d’absents. Mes objectifs étaient corrects : faire le point sur ce que tu avais compris avec mon remplaçant et enchaîner avec des exercices d’application de base, afin de vérifier tes acquis. Pourtant tu avais, de toute évidence d’autres préoccupations concernant ma personne et aujourd’hui, rien n’allait te dévier de ton inquisition.
La première question semblait anodine. Elle concernait les congés et visait à savoir si un prof pouvait choisir de ne pas venir travailler parce qu’il n’en a pas envie. Évidemment que c’est possible mais nous perdons une journée de salaire si nous ne proposons pas de compensation et elle doit, soit dit en passant, être validée par notre administration. Autant de dire très clairement avec les emplois du temps compacts de cette année que nous perdons la journée de salaire et le trentième de toutes nos indemnités.
La deuxième question était déjà plus sournoise : étions-nous payés lors d’un congé de maladie ? Parce que si c’était le cas, ça devait être cool de rester chez soi ET de profiter aussi des vacances scolaires.
C’est à ce moment que je réalise que personne ne t’a clairement inculqué la notion de respect et que tu ne peux faire preuve d’aucune empathie. Tu n’as même pas analysé que dans l’intitulé de mon « délit », il y a le mot maladie. Tu n’as même pas percuté que si j’ai été remplacée, c’est parce que je me soucie tellement mes élèves que j’ai œuvré dans ce sens. Tu étais tellement préoccupée à me servir ton discours de dégoût et de haine, tu ne t’es pas souciée de la personne de chair et d’émotions que tu avais en face de toi.
Je n’ai ni l’énergie ni la volonté de refaire ton éducation car les seuls enfants qui comptent à mes yeux sont chez moi. Cependant je peux te dire une chose : toutes les fois où je jugerai nécessaires de m’arrêter, je le ferai. Toutes les fois où j’estimerai que tu me manqueras de respect, je te renverrai. Toutes les fois où tu m’attaqueras, je riposterai.
Je n’ai aucune leçon de vie à recevoir d’une gamine estampillée HPI parce qu’elle comprend les consignes et qu’elle arrive à faire seule 2 exercices. Les élèves brillants sont curieux de nature et n’attendent pas sur le prof pour les « occuper ».
On t’a fait croire, à tort, que tu pouvais systématiquement t’exprimer sur tout mais sauf changement de ta part dans MON cours, ton opinion sera aussi utile qu’une raquette anti-moustique sans piles utilisée pour tuer des maringouins.