
Cher élève d’une certaine classe,
Petit morpion de ma vie, Freddy de mes nuits, ce n’est pas parce que je ne t’ai pas consacré beaucoup de temps ces jours-ci qu’il faut commencer à me faire ta crise. Non, tu n’étais pas ma priorité cette semaine car mes élèves de Terminale finissent une semaine de bac blanc et je me suis attelée à corriger toute la semaine dernière à corriger leurs 211 copies. Je sais que tu veux savoir si tu as eu une bonne note à l’interro sur les vecteurs mais je t’assure que, même si tu t’es planté, tu auras encore le temps de te rattraper avec le devoir de 2h que je te concocte pour la rentrée. Le coefficient que je vais appliquer sera tellement significatif que la réforme des retraites que le gouvernement est en train de nous préparer passera pour une simple mise à jour Whatsapp.
Quand j’y pense, c’est vrai que c’est tentant de venir bosser à 65 ans en chaussures orthopédiques avec des montures version loupe pour essayer de déchiffrer au tableau en quelle borne tu feras la limite; je me languis d’ailleurs du jour où tu me diras que j’ai mis mon vêtement à l’envers (si,si, je l’ai fait en début d’année!) ou que tu rattraperas mon dentier qui s’échappera de ma bouche (réflexes!).
Pas la peine de me demander si tu es mon élève préféré, j’esquive déjà la question avec mes propres enfants. Comme pour eux, je ne garantis que les fonctions basiques du moment : correction d’exercices, explication de notions et quand tu me parles, je réponds. C’est déjà difficile de trouver l’énergie pour gérer mes formations, le costume du petit, le planning « sorties » de la grande, les nombreux mails de l’administration avec des deadlines défiant toute concurrence alors ne viens pas gâcher mon début de vacances avec tes jérémiades. Tu les entends de chez toi les clameurs des groupes à pied avec les tambours et les chachas?!?! Le carnaval fait fureur, ne fais pas ton furoncle !